Le CCDUS fait les manchettes

Réponse à l’article : Why economists should like booze

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Date de publication: 20 June 2025

Site web: The Economist

À propos de cette nouvelle

En tant que chercheur en épidémiologie et en économie de la santé spécialisé dans l’usage d’alcool et de substances, j’ai trouvé que votre article comparant ceux qui ne boivent pas d’alcool à des profiteurs ne s’appuie sur aucun fait et a des relents d’une époque révolue, à la Mad Men, où la créativité coulait apparemment à flots après trois gins bien tassés au dîner.

En fait, c’est l’inverse : Les personnes qui boivent et, surtout, les producteurs d’alcool, sont les seuls à profiter d’un souper gratuit. Au Canada, cette subvention s’élève à 6,4 milliards de dollars par an puisque l’État engrange des recettes de 13,3 milliards, alors que les pertes sociales engendrées par la consommation d’alcool s’élèvent à 19,7 milliards en coûts de soins de santé, de justice pénale et de perte de productivité.

Votre article mentionne dès le début qu’une personne qui boit moins peut avoir une meilleure santé; elle pourrait même constater une amélioration de son sommeil et une perte de poids. En tant qu’auteur des nouvelles directives sur la consommation d’alcool au Canada, je suis tout à fait d’accord avec vous.

Votre article présente l’alcool comme un remède universel pouvant contrer le manque d’innovation et aider les restaurateurs à rester en affaires. Cette dernière option aurait même un certain sens si on oubliait qu’une bonne part de la marge bénéficiaire associée à l’alcool provient des boissons non alcoolisées et de celles à faible teneur en alcool, mais sans dépendance, substance cancérigène, ni perte de productivité.

Au final, vous voulez qu’on vous traite de « vieux jeu », ce que nous pouvons bien sûr faire. Nostalgique des générations passées, vous faites preuve d’un optimisme déplacé par rapport à l’alcool qui, face à une accumulation de données, est plus panglossien que réaliste.

Adam Sherk, Ph.D.
Scientifique principal, Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances
Professeur agrégé adjoint, École de santé publique et de politiques sociales, Université de Victoria