Combler la lacune : les anciens combattants et l’usage de cannabis à des fins récréatives
Brémault-Phillips, S. et coll.
Cette étude avait pour but de renseigner les anciens combattants sur les risques et bienfaits du cannabis médical et récréatif, à l’aide d’une approche à méthodes mixtes séquentielle explicative, ainsi que d’un sondage, de groupes de discussion et d’une synthèse exploratoire. Des groupes de discussion ont été organisés avec des anciens combattants, des prestataires de services/cliniciens, des producteurs/fournisseurs, de même que des responsables des politiques et des décideurs.
Les résultats du sondage montrent que, pour la plupart des répondants, il y a peu ou pas de risque de méfaits lorsque le cannabis est consommé en le fumant ou en l’ingérant, quelle que soit la fréquence. Ils percevaient un risque léger à modéré de méfaits avec la consommation régulière par vapotage. Parmi les raisons invoquées pour la consommation, les répondants ont mentionné la douleur chronique/le mal de dos, la dépression, le syndrome de stress post-traumatique, les troubles de l’alternance veille-sommeil et l’anxiété. Les répondants ont aussi noté une amélioration globale de leur état de santé physique et mentale, ainsi que de leurs relations avec les amis et la famille, en lien avec l’usage de cannabis.
Les groupes de discussion ont confirmé les bienfaits et raisons pour la consommation mentionnés ci-dessus par les anciens combattants. Les cliniciens et les décideurs ont dit s’inquiéter de la hausse du nombre d’autorisations pour cannabis médical et de la consommation chez les anciens combattants. Un autre point abordé était le fait que la stigmatisation empêche de discuter ouvertement d’usage de cannabis.
La synthèse exploratoire a fait ressortir un manque d’informations sur les souches et quantités de cannabis que consomment les anciens combattants. Les antécédents de ceux-ci et leur état de santé peuvent avoir une grande influence sur leurs expériences, d’où des résultats mitigés dans la recherche et un décalage entre ce qui est rapporté dans les études et les expériences des anciens combattants.
Cette étude souligne l’importance (i) de diffuser de l’information fiable sur l’usage de cannabis, (ii) de contrer la stigmatisation l’entourant, (iii) d’envisager d’aborder la question du cannabis médical dès le départ avec les anciens combattants et (iv) d’assurer une supervision ou un suivi médical lorsque du cannabis est consommé pour des affections précises.