Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances

Les facteurs de stress liés à la COVID-19 exacerbent les troubles de santé mentale et d’usage de substances, selon un sondage Léger

Ottawa, 17 février 2021 — Les facteurs de stress liés à la COVID-19 ont une incidence disproportionnée sur les personnes ayant des antécédents de troubles de santé mentale ou d’usage de substances, selon un nouveau sondage Léger commandé par la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) et le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS).

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Jusqu’à un répondant sur deux ayant des antécédents de trouble lié à l’usage de substances rapporte avoir ressenti des symptômes modérément graves à graves de dépression depuis mars 2020.

On remarque aussi une forte hausse, dans la population générale, du nombre de personnes qui souffrent de symptômes de dépression, qui est passé de deux pour cent avant la pandémie (selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadienne) à 14 pour cent.

D’octobre à décembre, environ un tiers des répondants qui consomment de l’alcool rapportent un usage accru depuis le début de la pandémie. À noter que cette hausse était sensiblement plus élevée chez les répondants ayant des antécédents de troubles liés à l’usage de substances (entre 40 et près de 50 pour cent d’entre eux disant avoir bu davantage pendant cette période).

Les répondants qui ont déjà reçu un diagnostic de trouble de santé mentale rapportent un usage accru de substances et une consommation problématique. Jusqu’à un répondant sur deux présentant des symptômes de troubles de santé mentale qui consomme du cannabis et plus d’un répondant sur trois qui consomment de l’alcool rapportent un usage accru de ces substances depuis le début de la pandémie.

Dans la population générale, deux répondants sur cinq qui consomment du cannabis rapportent un usage accru depuis mars 2020.

Mené auprès de plus de 4 000 résidents canadiens, le sondage s’est fait en deux étapes, entre le 13 octobre et le 2 décembre 2020, et jette une lumière nouvelle sur les effets des facteurs de stress liés à la COVID-19 sur diverses populations. Selon le sondage, les symptômes de troubles de santé mentale et l’usage problématique de substances sont fréquents dans toutes les populations, mais ils sont exacerbés par des facteurs de stress liés à la COVID-19 tels que des difficultés financières, l’isolement et l’état de santé des proches.

Pour Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC, la plus grande attention portée à la maladie mentale et à l’usage de substances pendant la pandémie est une arme à double tranchant. « Il ne faut pas confondre une affection diagnostiquable avec une réaction normale à une situation anormale. Cela dit, cette pandémie d’anxiété et de dépression m’inquiète, car nous constatons une détérioration de la santé mentale en général. Ce qui est encore plus préoccupant, c’est la crise cachée qui sévit chez les personnes ayant une grave maladie mentale, dont les besoins risquent d’être occultés par le malaise généralisé affectant toute la population. »

Rita Notarandrea, première dirigeante du CCDUS, éprouve la même inquiétude. « Près d’un an après le début de la pandémie, de nombreux Canadiens continuent à en subir les contrecoups, et certains prennent des substances pour faire face aux situations stressantes de leur vie. Si cette période d’incertitude s’avère difficile pour chacun d’entre nous, elle pose des défis et des risques supplémentaires aux personnes qui vivent avec un trouble lié à l’usage de substances. Ce trouble est un problème de santé aux conséquences potentiellement dévastatrices qui peut nuire à l’atteinte d’une bonne santé; il ne s’agit ni d’un choix ni d’un défaut moral. Mais de nombreuses personnes qui subissent les méfaits de l’usage de substances pourraient hésiter à demander l’aide et l’accompagnement dont elles ont besoin parce qu’elles craignent d’être stigmatisées. Les gens doivent savoir que de l’aide existe, peu importe leurs circonstances. »

La CSMC et le CCDUS s’inquiètent aussi du décalage entre l’offre de traitements et de services, et le nombre de personnes aux prises avec des méfaits liés à leur usage de substances ou des troubles de santé mentale qui y accèdent, et ce, même si elles sont davantage au fait des services offerts. Ainsi, seuls 24 pour cent des répondants ayant un usage problématique de substances et 22 pour cent de ceux présentant des symptômes de troubles de santé mentale ont eu recours à des services de traitement depuis mars dernier.

« En temps normal, la marée montante soulève tous les bateaux, reconnaît Mme Bradley. Mais dans ce cas, les besoins des personnes ayant des antécédents de troubles de santé mentale et d’usage de substances pourraient être engloutis. Les symptômes des personnes qui souffraient déjà de maladies graves au début de la pandémie risquent de s’aggraver à la longue. Je me réjouis de la mise en place d’initiatives comme Espace mieux-être Canada, mais il n’y a jamais eu de meilleur moment que maintenant pour augmenter le financement consacré aux dossiers de la santé mentale et de l’usage de substances et en récolter les bénéfices. »

« Il faut favoriser un accès rapide à toute une gamme de services et de mesures de soutien de qualité qui s’adaptent à la situation de chacun. Continuons à suivre la voie que nous ouvrent les données probantes, pour que personne ne soit laissé pour compte », ajoute Mme Notarandrea.


Quelques faits importants

  • Les principaux facteurs de stress des répondants : leur situation financière (14 %), l’isolement social (12 %) et l’état de santé de leurs proches (11 %).
  • Un répondant sur trois qui consomme de l’alcool rapporte un usage accru, et un sur cinq, un usage à risque élevé.
  • Deux répondants sur cinq qui consomment du cannabis rapportent un usage accru et une consommation problématique.
  • Un répondant sur deux ayant présentement des symptômes de troubles de santé mentale qui consomme du cannabis rapporte un usage accru.
  • C’est chez les répondants ayant des antécédents de troubles de santé mentale ou d’usage de substances que le taux de symptômes modérés et graves d’anxiété est le plus élevé.

 

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